mardi 28 décembre 2010

Worse things happen at sea.

Juste histoire de dire que cette merde, c'est de la merde américaine! Cette merde de la rive Sud! On naît et on est seul, on passe des examens et on est seul, on meurt et on est seul. Puis des fois y'a des gens comme ça, peut-être qu'ils sont gentils, peut-être qu'on les aime bien, peut-être que ce ne sont que des bouche-trous, peut-être qu'on flotte tous, peut-être que je suis bourrée, peut-être que tous ça n'est qu'une illusion, mais une seule chose est sure : on s'en branle de savoir tout ça.

"Si tu n'as pas réussi ta vie, au moins tu réussiras ta mort."

Oh et puis merde.

J'ignore qui sont ces gens.


mardi 21 décembre 2010

"L'homme est-il destiné à marcher sur deux jambes ou à se déplacer à quatre pattes?" - Emmanuel Kant

Par un mercredi ensoleillé d'automne, j'arpentais tranquillement la rue du Faubourg du Temple en direction de Belleville, tout en observant les vitrines des boutiques de prêt-à-porter et en songeant à mon éventuel avenir professionnel.  J'étais vêtue de cette minijupe écossaise et d'un pull à col roulé noir, ce qui me donnait une allure d'écolière sage mais autonome.  C'est lorsque je me retrouvai au croisement de la rue du Faubourg du Temple et du boulevard de la Villette que je levai les yeux vers le ciel pour contempler ce dernier.  A mon plus grand étonnement, ma vue était envahie par une toute autre création de la nature : un condor.

Oui.  Un condor.  Je me figeai sur son vol plané quelques instants, comme hypnotisée par son élégance imposante, avant de réaliser que je me trouvais dans une situation tout à fait singulière.  Je sortis alors mon appareil photo numérique de mon sac à main pour pouvoir immortaliser cet instant et en poster la preuve sur tous les sites communautaires auxquels je suis inscrite, mais au même moment le volatile géant posa son regard sur moi et avant que je ne réalise quoi que ce soit, il se tenait debout à une trentaine de centimètres de moi.

"Ça te dirait de faire un tour sur mon dos?" - retentit la voix grave et noble du cousin de l'aigle.
Je dois avouer que ce fait m'a particulièrement pétrifiée, d'autant plus que je n'avais jamais entendu un condor parler et encore moins proposer à une inconnue de faire un tour sur son dos.  Cependant ma curiosité vainquit ma peur et je répondis avec assurance : "Oui."
Je me retrouvai donc sur le dos de cette créature sauvage, survolant la Capitale à quelques dizaines de mètres de hauteur.  Le vent heurtait mon visage, le soleil se reflétait dans le plumage brun, et un panorama des plus exquis s'ouvrait à moi.  La singularité de la situation et mon émotivité héréditaire firent couler une larme le long de ma joue droite, et je pus la sentir refroidir instantanément.

Nous survolâmes Belleville, Pyrénées, Buttes Chaumont avec ses monts et son lac artificiels, Jaurès, Stalingrad, puis nous longeâmes les quais de la Seine jusqu'à arriver au parc de la Villette qui était parsemé d'humains qui de là où j'étais ressemblaient plutôt à des Polly Pocket que je m'empressai de faire bénéficier de nombreux échantillons de ma salive.  Je me sentais comme un Nils Holgersson des temps modernes, et l'esprit de l'aventure se réveillait peu à peu en moi.  En survolant la Géode, le condor me demanda si je m'amusais, et après une réponse confirmative il mit le cap sur l'Ouest.

Quelques heures plus tard et après avoir parcouru Paris et une partie de la banlieue (n'oubliant pas le bois de Vincennes ni le casino d'Enghien), nous approchâmes la place de la République.  Les séparations étaient inévitables : une dissertation sur la Justice dans l'Antiquité gréco-romaine m'attendait, un long périple vers les Alpes attendait le condor.  Après lui avoir ardemment serré l'aile et avoir noté mon adresse mail sur sa patte droite, je laissai s'envoler cet être généreux qui avait illuminé ma banale journée d'humaine.

Et le lendemain j'ai eu une pneumonie.




dimanche 5 décembre 2010

"Pour notre cause soyons prêts à souffrir!"

Ce jour-là, j'avais décidé de sécher mes trois heures de Relations Internationales pour pouvoir regarder les épisodes 6, 7, 8, 9 et 10 de la saison 5 de Sailor Moon.
Arrivée devant mon immeuble, j'ai vu une vieille dame - au passage, un croisement entre Jean-Paul Sartre et Valérie Damidot - jouer de la trompette.  Quelle ne fut ma surprise lorsque j'ai reconnu l'air si familier de la Varsovienne!  Intriguée, je m'approchai de Jean-Paul Damidot pour lui demander son 06 :
"Excusez-moi madame, mais j'aime particulièrement votre pièce Huis Clos et aussi votre émission où vous prenez les gens pour les cons en repeignant leur salon en rose bonbon."
Eh merde.  Au lieu de dire que j'aime la trompette et surtout lorsque celle-ci joue la Varsovienne, je me laissai aller dans ma fatigue et dans mon étonnement face au physique particulier de mon aînée et lui sortis une ineptie hors pair.
Apparemment, je n'étais pas la seule à me trouver dans un état second, puisque Valérie Sartre arrêta de jouer et me regarda à travers ses lunettes embuées d'un air émerveillé.
"Ça fait tellement plaisir de croiser quelqu'un qui connait mon oeuvre!  Venez chez moi prendre le thé!"
Bien que le visionnage de la saison 5 des aventures de celle que j'ai rêvé d'être pendant toute mon enfance me tentait beaucoup, je ne pus résister devant une si sincère proposition et acceptai.
La mamie habitait à quelques rues de la mienne, et c'est après avoir constaté que mon écharpe allait particulièrement bien avec mes boucles d'oreille dans le miroir de l’étroit ascenseur que j'ai pu découvrir son humble appartement.
J'ai donc été invitée à m'installer dans un sympathique salon Second Empire dont un des murs était orné du portrait de ce brave Numa Fustel de Coulanges peint par Anonyme.
Quelques tasses de thé et parts de duine de Gouvres* plus tard, notre discussion socio-historico-géographico-sportivo-lavabo-épistémologico-politique toucha à sa fin : Jean-Val Sartridot s'endormit.
Je décidai alors de m'en aller, mais son chat persan blanc de 12,7kg m'empêchait de m'approcher de la porte d'entrée.  L'envie de rester chez la mamie au strabisme jusqu'à ce qu'elle se réveille étant des plus infimes, je décidai à mes risques et périls d'endormir le chat en lui jouant de la trompette.  Je ne cacherai pas que mes connaissances en solfège étaient (et sont toujours) très limitées, et donc que ma tentative de jouer la Panthère rose a été un échec.  Cependant la chance retourna de mon côté et le chat courut se cacher sous le canapé vert épinard du salon.
Je posai donc un dernier regard sur la doyenne existentialiste du quartier et m'en allai, avec déjà le générique japonais et le pouvoir du prisme lunaire dans la tête.


* duine de Gouvres
{duin'-de-gou-vre} n. f.
beau gâteau mais pas bon


Le chat s'appelait Simon.


Sailor Moon Stars (saison 5).


vendredi 3 décembre 2010

Colis suspect et voyageur malade.

Lundi :  Incident à la Défense, trafic perturbé sur l'ensemble de la ligne A du RER.
Mardi :  Voyageur malade, trafic fortement perturbé sur l'ensemble la ligne A du RER.
Mercredi :  Colis suspect, trafic interrompu entre Aubert et Nanterre Préfecture sur la ligne A du RER.
Jeudi: On ne sait pas pourquoi, mais trafic perturbé sur la ligne A du RER.
Vendredi :  Va te faire mettre, ligne A du RER.

Le RER A pue, le RER A est moche, le RER A est une pute.  Des mecs en costards qui vont bosser à la Défense, des étudiants prétentieux, des fonctionnaires mal fringués, des mendiants insistants (le tout blasé, désabusé et tirant la gueule): les joies du RER A.  Et plus généralement des transports en commun.

Un soir, sur la ligne 8, pendant les heures de pointe:
Une vieille essaie de sortir en faisant se pousser tout le wagon (presque aussi blindé que le RER A), mais un sourire est dessiné sur son visage.  "Ça fait plaisir de voir le métro comme ça, d'habitude c'est tout morose."  Merci mamie.  Bon par contre maintenant tu fermes ta gueule et tu retournes à tes petits fours et à ton caniche.

"Bonjour mesdames, bonjour messieurs, j'ai une femme, des enfants, des parents, je suis malade, il me manque une jambe, j'ai besoin de manger, j'ai besoin de faire caca, mon chien est mort, j'ai 50 ans, la monnaie courante en France est l'euro."  Si on prend le RER A (ou une quelconque autre ligne, mais surtout le RER A), on a droit à ce genre discours environ 3 fois entre Gare de Lyon et Charles de Gaulle.  Les mecs qui jouent de la musique sur des instruments pas accordés et chantent au karaoké des chansons mauvais goût se réservent des lignes moins empruntées (et bizarrement les plus modernisées), la 1 ou encore la 3.  Sur la 5 ou la 7 (je ne sais plus), on peut de temps en temps croiser un vieux avec plein de poupées aux doigts qui raconte des histoires rocambolesques (d'ailleurs si quelqu'un le croise, demandez lui son 06).  Sinon on m'a parlé de la "légende rampante" mais je ne l'ai pas encore vue.

Ce qui est curieux, c'est qu'on a l'impression que les transports en commun regroupent tous les gens les plus laids / bizarres / mal habillés de la région.  Jamais je n'ai vu de crimes esthétiques et erreurs de la nature dignes des transports en commun.  Même pas sur TF1.

Encore une chose amusante: les annonces SNCF/RATP.  Déjà, quand on entend le léger grésillement précédant une annonce, on sait que c'est mauvais signe.  En effet.  Ce que j'aime particulièrement, c'est lorsqu'on entend / comprend rien à ce qui est dit.  "En raison de psssht psssht à la station psssht psssht, le trafic est psssht psssht.  Merci de votre psssht psssht."  Il y a aussi la version "En raison de mmmh à la mmmh, le trafic est mmmh.  Merci de votre mmmh."

J'ai la flemme donc je ne parlerai pas des mecs qui essaient de profiter des heures de pointe pour toucher de la chair féminine autre que celle de leur mère pour la première fois de leur vie, ni des gens qui parlent tout fort (et éventuellement à tout le monde) pour essayer de passer pour des excentriques bien dans leur peau ni même des alcooliques qui s'endorment avec leur bouteille dans une main et leur sandwich dans l'autre et à cause desquels ça pue encore plus.  Et en plus y'en a on voit (pour un dégoût suprême) des parties de leurs corps.

Enfin bref, tout ça pour dire que quand on est écrasé dans un wagon dégueulasse avec une connasse à la voix aiguë qui raconte à son téléphone comment elle est trop contente d'avoir acheté ce petit slip arc-en-ciel à paillettes et le vieux moche qui se tient à la barre juste à côté de votre visage avec ses doigts velus et aussi le mec qui a une verrue de la taille d'une pièce de 2€ sur le nez que vous ne pouvez pas vous empêcher de regarder, bah des fois on en veut à ses parents de nous avoir largué dans un monde aussi pourri.

MEEEEERDE !!!!!  CACA !!!!

Les transports en commun, c'est du racisme.